La Smart City a le vent en poupe… et pour cause. La ville de demain promet d’être intelligente, respectueuse de l’environnement, ouverte, participative, et efficiente. Mais le chemin de la Smart City n’est-il réservé qu’aux métropoles et aux grandes villes ? Quid des localités plus réduites ?
Quelques précisions sur la Smart City
Dans une ville intelligente (Smart City), les aménagements et les services sont optimisés grâce aux technologies de l’information et à l’ouverture des données, ce qui permet notamment de réduire les coûts, la pollution, les nuisances, pour limiter les externalités négatives propres à la ville et améliorer la qualité de vie. Outre l’aspect technique, la Smart City abrite également tout un volet sur la citoyenneté : mettant l’intelligence collective à l’honneur, la participation citoyenne est encouragée et favorisée, grâce aux moyens numériques notamment. Autant d’éléments qui évoquent davantage un monde urbain connecté et technologique, que des univers plus ruraux.
Les actions mises en œuvre par ces villes sont multiples, avec notamment la mise en place de démarches d’OpenData. Si l’ouverture des données est une directive nationale que toutes les villes françaises devront appliquer d’ici quelques années, les villes engagées sur le chemin de la Smart City ont souvent une longueur d’avance. L’ouverture des données leur permet à la fois de gagner en transparence, mais également d’articuler les informations obtenues pour améliorer les services (services de transport ou d’éclairage, par exemple). La mise en place de CivicTechs (budgets participatifs ou consultations citoyennes par exemple), ainsi que le recours à une e-administration sont d’autres axes mis en oeuvre par ces villes.
Depuis quelques années, alors que les contours de la Smart City se dessinent, plusieurs villes françaises entrent dans l’aventure. Parmi elles, les grandes villes et métropoles semblent très représentées : Paris, Bordeaux Métropole, le Grand Lyon, Marseille, ainsi que Nantes Métropole, Strasbourg,Toulouse Métropole, etc. On trouve également des villes de tailles moyennes, comme Chartres ou Valenciennes. Bien qu’elles soient peu visibles dans ce paysage, les petites localités y ont-elles également leur place ?
Des Smart Cities à l’image des territoires français
On a parfois tendance à l’oublier : près de 94% des communes françaises se composent de moins de 5000 habitants, et 85% moins de 2000 habitants. Cette part importante de petites localités constituent l’une des richesses et des spécificités du territoire français. Les réformes territoriales de ces dernières années tendent toutefois à encourager une réduction de la part de ces petites collectivités, en mettant par exemple l’accent sur les intercommunalités, et en favorisant la fusion entre communes pour faire émerger des communes nouvelles.
Tout comme les métropoles et villes engagées sur le chemin de la Smart City, les petites localités s’inscrivent également dans un mouvement vers une gestion du territoire plus optimisée et co-construite. Le mouvement “Villes et villages en transition”, par exemple, rejoint certains principes portés par la Smart City, tels que l’objectifs de résilience, d’une gouvernance plus participative, ou encore la meilleure gestion des déchets et le respect de l’environnement. Certains villages se sont également illustrés dans leurs parcours en direction de la ville intelligente, comme
Bras-sur-Meuse (Région Grand Est), 715 habitants, véritable Smart Village qui met le numérique à l’honneur.
Certaines caractéristiques de la Smart City sont, de fait, plus difficiles à mettre en place au sein de petites communes. L’optimisation des transports est par exemple un élément compliqué, du fait du flux limité et non-continu des voyageurs ; de même, la connectivité reste faible à certains endroits, rendant impossible le recours à des services numériques, bien que cet enjeu soit en passe d’être résolu dans les prochaines années (Plan France Très Haut Débit). Les moyens humains et financiers sont également un point critique des petites localités, bien qu’une mutualisation des coûts entre petites communes soit envisageable.
Alors que se développent les métropoles intelligentes, n’oublions pas que les petites localités sont elles aussi engagées dans ce même mouvement, et qu’elles portent en elles un potentiel fort. Avantage de leur taille, elles peuvent mettre des démarches innovantes en place de manière beaucoup plus intégrée que sur des territoires étendus ; de même, grâce à une proximité élu-citoyen plus forte, elles peuvent mobiliser plus facilement habitants et acteurs sur leur territoire. Enfin, parce que le dispositif est réduit, les éventuelles défaillances seront davantage identifiables et plus faciles à corriger. En cela, les petites localités constituent de véritables laboratoires de la Smart City, et des sources d’inspiration à soutenir, et à valoriser.